souffledillusion

Breath of Illusion

Jeudi 20 août 2009 à 20:48




Etrange - Dobacaracol

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Samedi 1er août 2009 à 0:00


Tes yeux dans les miens. C'est tout ce qu'il me reste de toi, pauvre con. Est-ce que tu t'en souviens-toi? De là où tu es? Question stupide, jamais personne ne me répondra.

Tu t'rappelles, on était gosses, on courrait partout, tout le temps, dans les prés aux Ormes, on allait emmerder les poneys, et ils se laissaient faire, ils bronchaient pas, et toi t'avais jamais peur. Moi non plus d'ailleurs. Sauf de curer les postérieurs de Vésuvio, tu t'en souviens? Ce grand poney noir qui était le roi des bottes secrètes, et toi en grand cowboy, tu faisais du rodéo sur Lidy, la petite folle qui galoppait à tout allure dès qu'on la montait.

Tu t'rappelles on était gosses, tu courrais partout, tout le temps, t'avais ça dans les tripes, fallait qu'tu bouges, que tu fasses le con, tout l'temps, t'avais besoin qu'on s'intéresse à toi, alors tu f'sais des gaffes, tout l'temps. J'm'en suis pris des baffes... un pieds qui traine et hop chute dans l'escalier, bataille d'eau qui finit en pleure, réveil matin à coup d'oreiller et une heure à saigner du nez... C'était toi, t'étais chiant, t'étais relou, mais on t'aimait tous comme ça.

Tu t'rappelles on était gosses, au mariage de tes parents, on s'était caché sous la table avec ta soeur et on regardait les gens danser, toi tu f'sais les fonds de plats et tu nous ramenais à manger, tu t'en souviens? t'étais comme ça, chiant, relou, mais toujours là pour nous. T'étais gentil. Le coeur sur la main tu l'avais, et à ce moment là ton putain de coeur, il battait encore.

Tu t'rappelles on était gosses, tu t'en rappelles?
Dis tu t'en souviens de ça?

Cette photo sur mon bureau tu t'en souviens? On était gosses, ta soeur et moi en pyjama rose, comme toute gamine de cet âge là, toi t'étais là, au milieu, ton sourire jusqu'aux oreilles,  tu v'nais de nous réveiller sans doute, t'étais fier de toi.  Ce week-end là t'avais dansé ''tombée la chemise'' et t'avais jeté ton t-shirt par-terre, tu sautais dessus et ta mère rigolait, on était dans la rue, les gens nous prenaient pour des fous, et nous on s'en foutait. On était gosses tu t'en souviens?

Moi je m'en souviens.

Et puis t'as grandi. Les années sont passées, on en a pas vraiment profité tous les deux, y a eu cet âge où il se passe rien.
Et puis on s'est retrouvé. T'avais bien grandi. T'étais calme, toujours cette brillance dans les yeux, celle de la connerie, t'avais ça dans les tripes, fallait qu'tu fasses le con c'était plus fort que toi.

Ces soirées où tu jonglais avec la troupes, à la lueur des bougies en pleine cité médiévale, les lueurs du Temps ça s'appellait.
Et puis le festival du bahut où tu nous avais retrouvé pour cracher avec nous, cette année t'étais pas là, cette année t'es pas sur les photos. Qu'est-ce que t'as fait pauvre con?

Ce soir au cirque où on parlait comportement de mecs, où tu racontais le regard qu'un mec pose sur une fille, toi tu m'as regardée dans les yeux ce soir là, tu m'as regardé dans les yeux, tes yeux brillants ce soir là ils avaient plus le même regard. Tu m'as fixée et tu m'as dit que jamais tu ne poserai ces yeux là sur moi et que personne n'avait le droit de le faire, parce qu'après ces années j'étais ta soeur, j'étais pas les autres, et que personne ne me ferrait de mal. Tes yeux dans les miens. La dernière chose que j'ai de toi.

Tu t'en souviens?
Pauvre con pourquoi t'as fait ça?
J'aurai plus le courage de raconter cet accident, j'l'ai fait, le texte est parti avec mon ancien blog, c'était le lendemain de ton départ, dans l'émotion, c'était fort, c'était vrai, c'était réel. C'était la vie, ta mort c'était la vie.

C'était plus fort que toi t'avais ça dans les tripes, fallait que tu fasses le con, c'était plus fort que toi.
Cette fois-ci c'était trop fort pour toi. J't'en veux, et j'suis pas la seule.
Un an que t'es plus là. Une année jour pour jour que j'ai répondu au téléphone au milieu de la nuit, François au bout du fil, en larme, paniqué comme jamais, je le croyais pas, j'ai pas voulu le croire. Et puis Baptiste le lendemain matin... C'était trop pour ne pas être réel. T'étais parti. T'étais plus là.
Tu leur manques tellement, tu nous manques à nous aussi, si souvent...
Tu me manques Alex...

Petit jongleur parti trop tôt.

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