souffledillusion

Breath of Illusion

Mercredi 17 novembre 2010 à 18:35


De deux choses l'une, la déclaration du jour:

Je mesure mon état de fatigue aux vitesses de mon vélo.
Au début du mois, j'allais à la fac sur le sixième pignon.
Ce matin j'ai passé le troisième...
[Non non, je n'ai pas déménagé.]
 



Et pour la deuxième chose... Au vue de mon état de fatigue, je ne vous choquerai pas en vous disant que je l'ai oubliée.

 
Sincèrement désolée, je vous quite, mon café refroidit. Bye.

Mardi 9 novembre 2010 à 19:17


Quand il devient nécéssaire d'écrire,
Quand l'âme du poète est à fleur de peau,
C'est souvent qu'au dessous tout se déchire.

Ecrire pour exister. Oui, non, peut-être bien.

Ecrire pour faire exister. Faire exister ces sentiments qu'on ne peut afficher au milieu des autres. Faire exister cette douleur profondément enfouie et qui surgit au moindre instant de faiblesse. Faire exister cette colère, cette tristesse, cet ennui. Faire exister les sentiments par des mots.

Extérioriser.

Tout ce qui est dehors n'est plus dedans. Théoriquement ça marche bien. On écrit tout, on vide son sac, on crache le morceau, on accouche la souffrance, utilisez l'expression que vous voudrez. Le principal, c'est que ça sorte. Faut tout dire, faut tout écrire, faut tout avouer. Et le mieux dans tout ça, c'est de romancer. On prend du vrai, on dramatise un peu tout ça. Ca fait du bien de dramatiser, c'est un moyen de se délaisser de toutes ces trucs qui font mal. Ces histoires pas toujours si terribles et pourtant si douloureuses, ces ptits bobos devenus grandes tristesses. Ou bien ces grands drâmes qui s'enfouissent au plus profond de nous pour ne laisser ressortir que de petits indicateurs de tristesse, de temps en temps, histoire de ne pas les oublier. Un sourire qui disparaît au milieu d'un fou rire, un réveil qui sonne et resonne encore le matin, une tendance à la clope à 30centimes à des moments pourtant inopportun, et j'en passe bien d'autres. [oui oui, vous aussi vous la connaissez, la clope à 30centimes pièces].

Extérioriser.
En pratique, les résultats sont mitigés. Ecrire pour faire exister. C'est un bon début. Partager sa déprime avec une feuille de papier ou un écran d'ordinateur, ça fait du bien, faut le reconnaître. On écrit tout, on vide son sac, on crache le morceau ou on accouche la souffrance, le principal, c'est que ça sorte. Une fois tout ça posé là, lu et relu une centaine de fois, histoire que les phrases résonnent bien, que les mots pèsent leur sens, que ça soit agréable à lire, joli à regarder, parce que oui, écrire c'est aussi ça. C'est travailler sa peine. A la méthode du sculpteur et son burin, on taille une statue dans la souffrance, on en coupe des petits bouts au couteau, on en polit d'autres au papier de verre, on affine certains passages, on en efface d'autres. On ajoute un design comme dirrait l'artiste. Nous aussi on est un peu des artistes.

Artiste en peine
Oeuvre d'art: Sculpture littéraire
Support: douleur, déprime, souffrance
Sujet: variant
Outils: un post-it et un crayon gris
.

 Ecrire pour exister. Et si c'était ça? Si écrire sa peine permettait à la fois de l'alleger, partagée entre notre for intérieur et ce petit bout de papier jaune, et en même temps de nous faire exister. Exister en tant que quoi? Que triste vagabond de la toile? Non merci vous me direz... Je vous comprends. Moi non plus j'aimerai pas passer pour une triste dépressive [parce que ce n'est absolument pas ce que je suis!]. Non, on pourrait exister en tant qu'artiste. Artiste des mots. Artiste des sentiments. Faire correspondre cette douleur à ces expressions, cette histoire à ce texte, cette anecdote à ce petit mot. L'art de sculpter une histoire avec sa peine.
Si c'est difficile d'écrire sur un blog, c'est parce que nos histoires ne regardent que nous. On veut pas raconter nos vies [enfin pas moi], on veut pas forcément dévoiler tout ça au premier tombé par hasard sur la page. Ca ne regarde que nous, et pourtant on a besoin de partager ça. Extérioriser. Donner une dimension réelle à cette douleur qui nous encombre comme un fantôme vagabondant au creu de l'esprit. Ecrire pour faire exister.
Alors la solution, c'est de romancer. Sculpter son histoire pour lui donner une autre dimension, dramatiser, dédramatiser, changer la colère en poème, la tristesse en thèse sur "comment écrire sa douleur", peindre un souvenir agréable, joli, sensible, sur une journée de merde. Mentir, cacher, ou bien avouer, dévoiler. C'est au choix.
 
Menu du jour:
Parler de sa déprime pour la faire passer
Note du chef:
7/10

Menu de la veille:
Dessiner un visage aussi marqué physiquement que son esprit l'est au moment de prendre le crayon.
Note du chef:
9/10
[le dessin aussi, c'est bien]

A chacun sa peine.
A chacun sa méthode.
A chaque jour suffit sa peine.
Ca sera tout.

[Vous l'aurez compris, pour moi aussi c'est une soirée de merde]
musique: Pierpoljak,
 album: Légendaire Sérénade
 

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