Perdue seule, à l'autre bout du monde...

Le monde est si grand, une immensité, agitée en tout sens comme un sablier dans la course au temps qu'on secouerait sans cesse. Et comme un sablier sans cesse ils sont moins nombreux en partie haute, et sans cesse on se noie dans celle d'en bas. Jusqu'ici tout va bien, c'est Cassel qui l'a dit. C'est pas la chute qui fait mal, c'est l'atterrissage. La dedans c'est la guerre. La guerre des grains de sable qui luttent pour leur survie, ou qui tentent seulement désespérément d'être autre chose.


Elle danse, seule, éphémère et légère...

Vivre l'instant, se regarder dans un miroir et se voir dans les étoiles. Parce qu'assis le cul dans les grains de sable si tu regardes les étoiles tu comprendras.
Tu n'es rien. Rien qu'un grain de sable. Un minuscule petit grain de sable. Au milieu de tous les autres. Tu n'es rien.
Assis le cul dans le sable, regarde les, regarde comme elles scintillent, regarde les comme elles brillent, comme elles sont belles, si loin, si insaisissables. C'est peut-être ce qui les rend si belles. Regarde les bordel, regarde comme elles te parlent. Regarde les! Elles te rappellent que tu n'es rien. Rien qu'un grain de sable au milieu des autres. C'est peut-être ce qui te rend belle. Ce manque de prétention, l'humilité qui te rappelle à ton essence. En avoir conscience te rend insaisissable. Parce que comprendre ça, c'est revenir à l'essence. La beauté est simple. La beauté est nature.

Vivre l'instant, se regarder dans un miroir et se voir dans les étoiles. Parce qu'assis le cul dans les grains de sable si tu regardes les étoiles tu comprendras.

Parce que n'être rien, c'est devenir tout. C'est peser la valeur de chaque chose, ton sourire à cette vieille femme tzigane au regard plié par les années, celui qu'elle te rend, aussi sincère qu'édenté, tes gestes, pour toi, pour les autres. Et puis eux. L'importance de leur présence. Parce que vivre comme un grain de sable c'est se rendre compte que rien ne dure. La marée emporte tout. Chaque fois. Et si elle le veut elle te détruira. C'est comme ça. Alors rien ne prend plus d'importance que tous ces mots, tous ces gestes. Ne jamais avoir de dettes envers eux. Donner, toujours. Parce que sans eux tu n'es rien. On peut mettre autant de puissance que l'ont veut dans le moteur, le bateau aura toujours besoin de ses flotteurs.

Vivre l'instant, se regarder dans un miroir et se voir dans les étoiles. Parce qu'assis le cul dans les grains de sable si tu regardes les étoiles tu comprendras.

Parce que n'être rien, rien aux yeux du monde, c'est savoir à qui s'offrir. Tu peux devenir tout.
 
Elle, elle était son tout. Lui, il était son tout, à elle.

Et ils étaient là, amoureux comme des enfants sans pudeur, année après année. On les regardait tous sans les voir. Pourtant, ils étaient beaux. Beaux parce que simples. Il suffisait de les voir, ces petits gestes, et ça prenait tout son sens. Ils étaient tout. Rien à foutre du monde, on l'observe, c'est notre métier, c'est tout. Rien à foutre du monde, on vit, et puis c'est tout.

Et ils étaient là, amoureux comme des enfants sans pudeur, année après année.



On avait des Tic-tac, elle en a fait glisser quatre dans le creux de sa main.
Sans un mot, elle a pris les orange, il a pris les verts.
Un regard seulement.
C'était tout.